Le consentement de Vanessa Springora
Le consentement... mais de quel consentement parlons-nous ? Certainement pas de celui de Vanessa Springora car on ne peut, en aucun cas, parler de consentement lorsqu'une jeune fille de 14 ans tombe entre les griffes d'un pédo-criminel de 50 ans !
J'ai ouvert ce livre en pensant y trouver une accusation, une dénonciation ; celle d'une femme aujourd'hui adulte et en pleine possession de toutes ses capacités intellectuelles et émotionnelles, à l'encontre d'un homme qui est tout simplement un criminel.
J'y ai trouvé bien davantage ! Au-delà de ce récit on ne peut plus factuel, Vanessa Springora dénonce bien plus que Gabriel Mazznef ! Lui, elle l'enferme dans un livre, à défaut de l'enfermer dans une geôle. Mais ce qui m'a réellement heurtée c'est la dénonciation des « autres » ! Mais qui sont ces autres ? La société ? Sa mère ? Son père ? le milieu dans lequel elle grandit ? Elle les interroge : pourquoi avez-vous laissé faire ???
Au-delà de son cercle intime, elle accuse toute une caste ! La littérature excuse-t-elle vraiment tout ? Il faut remettre les événements dans leur contexte historique, nous sommes post révolution sexuelle et libéralisation des mœurs, il est « interdit d'interdire » et sous couvert de cette quête de liberté, tout un milieu « révolutiono-gaucho-littéraire » cautionne les relations entre adultes et enfants...
Elle n'hésite pas à faire apparaître les noms de Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Françoise Dolto... pour ne citer qu'eux ! Les journaux « Le Monde » et « Libération » ont, à l'époque, publié des lettres ouvertes et autres pétitions visant à dépénaliser ce type de comportement. Ils feront tous leur mea culpa quelques années plus tard : « Un média n'est jamais que le reflet de son époque » plaideront-ils...
Il ne s'agit pas ici du consentement de l'autrice auquel il est fait allusion mais bien de celui de son époque et de son milieu. Pourquoi ont-ils consenti ?