Les funambules de Mohammed Assaoui
Les funambules de Mohammed Aissaoui. L’impossible équilibre…
Kateb est un jeune immigré algérien, arrivé en France à l’âge de 9 ans. Il grandit dans une cité en périphérie parisienne. Le travail, la persévérance, le goût pour la littérature et l’infinie bienveillance de sa mère lui permettent de s’extraire de son milieu d’origine. Il devient « biographe des anonymes » en racontant ceux qui ne peuvent le faire, ceux que la vie a laissés au bord du chemin. Avec une quête amoureuse en filigrane, le lecteur suit Kateb à la rencontre des écorchés vifs.
Le roman est construit comme un documentaire. Mohammed Aissaoui est par ailleurs journaliste au Figaro Littéraire. D’enquêtes en témoignages, les rouages des associations caritatives comme les restos du Cœur sont décortiqués, le lecteur découvre divers champs d‘action qui vont bien au-delà de l’aide alimentaire. Le tissage de lien, ce long et fastidieux maillage, est toujours mis en avant, comme si le lien social était une bouée qui permettait de rattraper le rivage.
Mohammed Aissaoui écrit sur ces funambules, en équilibre précaire sur le fil de la vie. Son propos est inclusif et montre bien que personne n’est à l’abri ; une perte d’emploi, un divorce, une maladie… Tout un chacun peut vite basculer dans la rue. Et là, c’est la spirale infernale. Il met en exergue la grande difficulté à s’en sortir, l’ignorance des droits en matière d’aide sociale, la présence de nombreuses addictions... Dans la rue, l’espérance de vie n’excède pas 48 ans ! La claque !
Bien que cet ouvrage soit rangé dans l’onglet « roman », derrière le jeune Kateb, l’auteur n’est pas loin… Il conte son parcours pour montrer que tout n’est pas figé. A force de persévérance et de travail, il a pu gravir les échelons lui permettant aujourd’hui de tendre la main aux moins chanceux ; mais attention, nous avons tous une fêlure qui peut devenir un trou béant… la vie est un fil… l’équilibre impossible à trouver…