Rêves oubliés de Léonor de Recondo
Rêves oubliés de Léonor de Récondo. Le goût doux-amer de l’exil.
Ama et Aïta sont espagnols, basques plus précisément. Leur famille est activiste dans la défense de la République en 1936. Mais l’ennemi est trop puissant, ils sont contraints de fuir vers la France.
Léonor de Récondo, conte, dans ce roman largement autobiographique, les chemins de l’exil. D’abord Hendaye où ils sont hébergés un temps et ensuite la forêt des Landes où ils s’installent comme exploitants agricoles. La vie de cette famille est présentée tantôt par la plume de l’autrice tantôt à travers le journal intime que Ama, la mère de famille, a tenu pendant de nombreuses années. Le début de son écriture coïncide avec son départ pour la France, elle y consigne l’abandon de cette vie légère et heureuse qu’elle menait en Espagne avant d’être propulsée sur les chemins tortueux de l’exil.
L’autrice a une plume subtile et délicate pour mettre en évidence les mécanismes de protection que mettent en place tous les déracinés. Ama va écrire son amour pour les siens qui sera plus fort que le déracinement, ces liens familiaux qui la feront tenir, l’activisme de ses frères qui ne cesseront jamais le combat qui les a repoussés au-delà des frontières de leur cher pays. Et au bout du chemin, l’intégration, mais au prix de quels sacrifices et de quelle culpabilité ?
L’autrice aborde très subtilement les mécanismes de résilience dans ce roman court, très intime, bercé de poésie. Cette mélopée est empreinte de douceur, le lecteur ressent parfaitement le regret, l’amertume, parfois la peur… Mais le fait d’être ensemble paraît être l’arme la plus efficace contre l’hostilité de cet ailleurs.
Léonor de Récondo rend un bel hommage à ses grands-parents. 1er volet de son œuvre autobiographique qu’elle poursuivra par la suite avec « Manifesto »