Asta de Jon Kalman Stefansson

Reykjavik, début des années 50, Asta reçoit à sa naissance un nom qui, en supprimant sa dernière lettre, veut dire « amour » en islandais. Mais la vie aura du mal à tenir ses promesses…
Le livre commence avec la naissance d’Asta, mais très vite, la narration n’est plus du tout linéaire, l’auteur donne à lire un puzzle qui enjambe les époques et les pays.L’histoire d’Asta est ponctuée par l’intervention de 3 personnages :

- Le narrateur, double de l’écrivain qui interpelle son lecteur, décrit ses états d’âme et sa (fausse) difficulté à tenir ce roman et n’oublier personne,
- Le père d’Asta qui gît par terre, tombé d’une échelle, et qui se remémore son existence, en regrettant tout ce qu’il n’a pas su, ou n’aurait pas dû faire,
- Asta, elle-même, écrivant des lettres à son dernier amour, ironique sur son présent et déroulant ses souvenirs ; sa vie est sous-tendue par sa forte pulsion de vie et son inlassable
quête de bonheur. 

L’écriture est envoûtante, foisonnante, ancrée dans les paysages, avec énormément de détails mais aussi beaucoup d’ellipses ; l’auteur choisit de mettre en lumière des personnages et des situations, et en oublie volontairement d’autres. Le livre fait presque 500p mais on aurait envie qu’il en fasse le double ! La complexité de la construction peut dérouter au prime abord, elle captive ensuite le lecteur et lui permet de contenir son émotion et d’accepter la tristesse de ces vies.